Extraits choisis

Sur le chemin de vos racines

Mes chers enfants, mes chers petits enfants. C’est avec émotion que j’ai décidé de vous raconter vos racines, parce qu’elles sont multiples, européennes avant l’heure, liées à la grande histoire et composées de multiples petites histoires. Notre famille a été bousculée, chahutée, éclatée par les évènements du vingtième siècle. Elle en a tiré des bonheurs mais aussi de grandes difficultés, des moments de joie et d’autres de douleur. Vous comprendrez d’où vous venez et vous en serez fiers. Je vous parlerai d’abord de mes grands-parents puis de mes parents. Je vous parlerai aussi de moi et je vous conterai des anecdotes de mon enfance liées à ces personnes qui ont tant compté pour moi. Mon récit s’arrêtera à ma vingtième année. Après, une autre histoire commence qui me transformera et fera de moi une épouse, une mère puis une grand-mère. Mais ce que je suis à vingt ans, au moment où je mettrai le point final à ce document, je le dois à ceux dont je vais vous parler ici. 
Merci à Catherine sans qui je n’aurais jamais fait ce livre, son écoute bienveillante m’a permis de me libérer au fil de nos rencontres - ce fut le début de notre amitié." H.S.A 

Souvenirs d'enfance

André est à l'origine de ce livre. Il en a eu l'idée, le besoin, le devoir. Son écriture fut exigeante non pas dans la forme ou l'expression qui restent naturelles et spontanées, mais dans le souhait de relater au plus près les événements vécus, ce temps de l'enfance si précieux où l'on puise sa vie d'adulte. Il a entraîné avec lui ceux de sa fratrie qui ont bien voulu joindre leur plume et leurs souvenirs aux siens. Les autres, Michel, Daniel, Philippe, Christophe, appartiennent pleinement à ces souvenirs. "Chacun de nous garde dans son cœur Marcel, le très grand frère et Lulu, la toute petite sœur beaucoup trop tôt disparue. Tous font partie de cette histoire ; histoire qui fut, est et restera le ciment indestructible de notre famille. Chaque récit a été écrit sans aucun échange ni aucune concertation afin de laisser à chacun sa totale liberté." 
" Merci à Catherine pour ses précieux conseils." A.A 

Merci la vie

Je suis née au solstice d’hiver, ainsi je comprends mieux pourquoi j’ai mis si longtemps à trouver mon soleil. Je n’ai rien demandé à personne, j’ai simplement suivi la route de l’aventure qui m’a été tracée, parfois dans la joie, souvent dans la tristesse et la solitude. Quand j’ai su que je devais me mettre debout, mes premiers pas m’ont menée jusqu’à la cheminée. Son foyer m’a accueillie dans le crépitement de ses flammes. Ce fut ma première douleur mais surtout ma première cicatrice. Plus tard, on m’a expliqué la raison pour laquelle mes poignets portent des marques. A.S 

Quatre frères

En préambule, je tiens à préciser qu’en écrivant cet ouvrage je n’ai nullement eu l’intention de faire une autobiographie complète. D’autant moins que je me suis limité à évoquer un certain nombre de souvenirs de mon enfance et de mon adolescence. Ces souvenirs sont restés très présents et précis dans ma mémoire. Il est bien connu qu’en prenant de l’âge les images de notre passé sont tenaces et ne cessent de resurgir. Quand je songe à ce passé lointain, c’est un peu comme si je fouillais dans une grande boîte à l’intérieur de laquelle se seraient accumulées des dizaines de photos, certaines sont encore très nettes, d’autres un peu floues mais toutes méritent une explication c’est-à-dire une sorte de légende plus ou moins détaillée. Je me suis aussi attaché à décrire au passage, le mode de vie qui était le mien et celui de ma famille ainsi que certains évènements importants qui ont jalonné notre existence. En relatant ces souvenirs, il est évident que subsistent des « blancs », des manques ou des imprécisions dans les détails, mais je n’ai jamais cherché à broder ou à enjoliver ces traces de mon passé. J’ignore aujourd’hui qui lira ce recueil. Les plus jeunes seront peut-être intéressés ou étonnés du mode de vie qui était le nôtre il y a quelques décennies. Les temps ont tellement changé !! Quant à mon frère Christian et surtout mon frère Michel beaucoup plus jeune, je pense qu’ils ne se retrouveront guère dans ces souvenirs d’enfance mais je serais heureux d’avoir leur sentiment sur un certain nombre de points qui pourraient se recouper avec les miens. Je dois enfin dire qu’écrire ce recueil fût pour moi un vrai plaisir. 
" Merci Catherine ! " D.R 

L'eusses-tu crû ?

J’ai écrit ce récit avec ma sensibilité et ma subjectivité, alors que ceux dont j’ai parlé me pardonnent si la vision que j’expose n’est pas la leur et que ceux que j’ai oubliés me pardonnent aussi. L’émotion a souvent troublé ma vue de larmes mais sachez que vous tous, que j’ai croisés à un moment de mon parcours jusqu’à ce jour, avez apporté votre pierre à ce que je suis devenue. Une femme debout et heureuse de l’être ! Le but de ce livre, au-delà de l’hommage que je rends à ma famille adorée, à mes amis très chers et aux médecins, est d’apporter un témoignage et un encouragement à tous ceux qui, comme moi, sont un peu différents parce qu’un peu plus petits que les autres. Je suis comme tout le monde, mes capacités sont les mêmes et mon courage peut-être plus grand. Ma force de caractère, je veux la partager et dire à tous ceux qui me demandent : « ce n’est pas trop dur pour vous ce métier ? », que non, ce n’est pas trop dur, quand on veut, on peut. Ma volonté est sans bornes, sans limites et mon sourire aussi grand que celui d’un géant. L.C 

Malgré moi

J’ai rencontré monsieur R. au printemps 2013. Il ne manifestait pas l’envie ni le besoin de relater sa vie. Seuls lui importaient sa femme disparue et les moments partagés avec elle puis avec leurs enfants ; le reste, l’enfance, la jeunesse, les débuts de sa vie d’homme ne comptait pas, ne comptait plus. Non, monsieur R. ne voulait pas que sa vie soit écrite, racontée, romancée. Il craignait que la mémoire enjolive les événements ou les obscurcisse, il craignait de ne pas se souvenir précisément. Comme tant d’entre nous, il trouvait sans intérêt ce passé enfoui, oublié. Mais sa fille, Chantal, lui a demandé de partager son histoire avec elle, avec son frère, sa sœur, leurs enfants. Elle lui a demandé de parler de lui, seul, avant leur mère. Ce passé si lointain, lourd, il est allé le chercher dans sa mémoire et dans des documents qu’il possède toujours. Dans des livres d’histoire aussi, car son histoire est celle d’autres hommes, des Alsaciens entre deux cultures et deux pays. Tout cela, il me l’a exposé patiemment, juste pour faire plaisir à sa fille… puis il s’est pris au jeu, alors la joie de nos échanges a ensoleillé nos entretiens et a posé un grand sourire sur son visage. C.A

Hymne à la vie

À l’automne 2012, Joël R. m’a contactée pour l’aider à mettre en forme puis en pages, les textes qu’il avait écrits. Son histoire d’abord, dans un style simple et concret, quelques poèmes ensuite, puis des pensées sur le monde, le destin, les femmes. Les femmes oui, au centre de sa vie, de son cœur et de son corps. Manier les mots, les faire résonner et raisonner grâce à eux tout en se racontant, voilà une façon plaisante mais aussi émouvante d’évoquer ses souvenirs… C.A

Devenir

J’ai choisi de réaliser ce livre pour mes enfants, pour leur dire que je les aime plus que tout et que dès leur naissance je suis devenue une mère comblée. J’ai voulu leur donner le maximum, ne pas travailler pour m’en occuper, veiller sur eux, les câliner, les protéger avec la crainte sourde de reproduire ce que j’avais subi. J’ai redoublé d’amour par peur de mal faire. Si j’ai su entourer leur enfance d’une bulle protectrice, je n’ai pas su faire face à leur adolescence. Je regrette de n’avoir pas réussi à leur donner le goût des études. J’ai toujours eu peur de ne pas être à la hauteur dans ce domaine et lorsque je supervisais leurs devoirs je vérifiais à l’aide du dictionnaire les mots des dictées. Je garde ce complexe présent au fond de moi même si je ne suis pas responsable mais victime. J’ai aussi choisi d’écrire ce livre pour mes petits-enfants que j’aime, pour qu’ils sachent quelle a été mon enfance, quelles sont mes blessures et mes peines mais aussi pour laisser la trace de mon passage et de cette union avec Christian qui m’a sauvée de la tyrannie de ma famille. MT 

Une histoire de l’Office Public de l’Habitat  

Préface du président de la Communauté d’Agglomération, Maxime Bono, Maire de La Rochelle 
 Au lendemain du vote historique de la loi Bonnevay du 23 décembre 1912, instaurant une véritable politique de service public du logement social, le Conseil Municipal de La Rochelle sous la présidence d’Eugène Decout, décida de créer un Office Public d’Habitation à Bon Marché pour répondre aux besoins des familles rochelaises en quête d’un toit. Cet Office fut le premier bailleur social créé en France. La Rochelle fait figure, depuis cette date, de ville pionnière en matière d’habitat. « Une histoire du centenaire de l’Office Public de l’Habitat » célèbre les 100 ans d’une structure qui a accompagné le développement social et démographique de la ville en se plaçant toujours à l’écoute des habitants de l’agglomération. Au fil de ses 84 pages, il fait le récit d’un pan essentiel de l’histoire urbaine de la ville. Bien des étapes ont marqué cette histoire ; la raconter, c’est aussi raconter celle de notre ville. Après la Première Guerre Mondiale, l’Office participe à la politique d’urbanisation dynamique de la ville en se lançant dans un programme de construction de maisons individuelles à Saint-Maurice, à Bongraine et à La Pallice. Au terme de la Seconde Guerre, il contribue à la reconstruction et met en œuvre des moyens considérables pour faire naître de grands ensembles d’habitat collectif à Port-Neuf, à Mireuil et à Villeneuve-les-Salines. Entre 1948 et 1980, 5000 logements voient ainsi le jour. Dès 1980, l’Office mène de front la réhabilitation du parc ancien et la construction de nouveaux logements. Il fait déjà appel de façon privilégiée à des techniques éco-responsables. En 2006, l’Office, municipal depuis sa création, est rattaché à la Communauté d’Agglomération de La Rochelle. Il participe alors pleinement à l’essor programmé de la collectivité. Aujourd’hui, de nouveaux enjeux se dessinent : proposer aux Rochelais, et en particulier aux primo-accédant, des solutions de logement adaptées à leurs besoins ; participer à la réhabilitation de friches urbaines de quartiers tels ceux de Rompsay, de Mangin et des anciens terrains militaires. Ainsi, l’offre proposée par l’Office est appelée à s’étoffer dans les prochaines années pour que de nouvelles familles profitent de la qualité exceptionnelle de vie dans notre ville. À travers ces étapes fondatrices, l’Office Public de l’Habitat a profondément marqué la politique d’urbanisation de La Rochelle. Cet ouvrage particulièrement documenté est là pour nous le rappeler. Je veux donc saluer ici le travail accompli par Catherine Adam et Jean-Pierre Lahon, les auteurs de ce livre commémoratif. En dressant un état de l’œuvre sociale réalisée par l’OPH au cours de ce centenaire, ils nous invitent à ouvrir une nouvelle page de son histoire et inaugurent un nouveau cycle dont nous pourrons faire le bilan dans 100 ans. 

En souvenir de Suzon

 J'ai décidé, selon mes possibilités, de rédiger le bilan de ma vie et principalement de rendre hommage à mon épouse. Je l'ai perdue, celle qui m'a accompagné en éclairant ma vie de sa lumière, celle qui m'a rendu heureux et que j'ai tant aimée. Sa perte est un choc terrible, insupportable. Je dois tenter d'exorciser ce mal qui me ronge et me tue petit à petit depuis ce 14 mai 2015 où elle est morte dans mes bras. Je ne sais pas si j'y parviendrai mais au moins j'aurai essayé. Dans cette démarche, je souhaite que l'écriture soit mon alliée. R.G 

Histoires De Vie (recueil de nouvelles publié en 2009 chez Edilivre)

La maison aux volets verts 
J’ai ma petite idée derrière la tête. Bien ancrée depuis un certain temps. Le tout est d’y arriver. D’oser. Oh, la difficulté est surmontable. Je sais que je pourrai le faire. Il faut juste décrocher une plaque vissée à un pilier de clôture. Une plaque sur laquelle est gravé un nom : Ty Bine, petite maison en breton. Le nom de la maison de campagne de mon enfance où chaque week-end de mes sept à mes vingt ans, je suis allée. Je l’appelais ma petite maison de carton. Ses volets verts sur ses murs blancs ressemblaient à des champs miniatures. Ils étaient barrés du Z caractéristiques des portes de box. Quand on les ouvrait, en arrivant, la maison respirait. Elle soufflait son humidité vers le dehors et l’odeur du pré entrait et la remplissait d’air sec et neuf. Le champ paraissait grand à mes yeux d’enfants. Couvert de pâquerettes, il devenait uniforme après la tonte puis se recouvrait en une nuit de mille nouvelles fleurs blanches comme si celles-ci se courbaient sous les lames pour se redresser la nuit tombée tout doucement sans faire de bruit. Ce champ, on l’appelait la prairie. Une passerelle de bois qui enjambait un ru, y conduisait. Le ruisselet y coulait sagement, trop sagement. Alors, on y avait mis des pierres pour retenir l’eau juste après le petit pont… la retenir un peu puis la laisser filer comme une cascade de montagne, avec un bruit doux de clochettes. Dans la prairie, deux cabanes se côtoyaient. Celles des outils et les cabinets. Sur la tôle ondulée qui formait les murs, des buissons de roses couraient. Partout, des pommiers fleurissaient. Leurs branches étaient tordues par le temps mais ils donnaient encore des fruits. Je me souviens qu’ils balisaient un itinéraire précis, suivi chaque samedi par mon chien. Privé de campagne pendant la longue semaine, il galopait comme un fou dans la prairie et zigzaguait entre les vieux arbres avant de les arroser un à un. Trois gouttes pour les remercier d’être là. Il a fallu les couper plus tard, mais d’autres avaient déjà pris leur place. Tout prêt. Des sapins, ceux de mes Noëls, des cerisiers et puis surtout pour mes dix ans, une petite maison, rien qu’à moi. Toute en bois, avec une balustrade, une porte, une fenêtre avec des Z… et même des fleurs. Devant la maison aux volets verts, un terrain plus petit menait à la route. On y avait planté un immense saule pleureur, puis un tilleul et juste avant mes quinze ans, mon chien qui avait terminé sa route là et qui doit y être encore. On y dressait souvent de grandes tables où les rires fusaient, artificiels ou sincères. Ceux des amis, les vrais, les faux, les autres. Un jour, il a fallu plier ma petite maison de carton dans une enveloppe à souvenirs avec quelques photos qui disent trop le temps qui passent. Mon père l’a vendue avec tous ses regrets dedans et tant pis pour celui qui l’a achetée. Et moi, j’ai décidé d’aller voler la plaque et de la mettre sur le pilier de clôture de ma grande maison de pierre. Je sais que je pourrais le faire et que ce geste là me fera pleurer de joie.

La tartine de beurre

Ce n’est pas celle de Mozart. C’est celle de mon quatre heure, de mon goûter d’enfance, celle dont je n’ai jamais oublié ni le goût ni l’odeur. Odeur du beurre, goût du pain un peu rassis par des heures d’immobilité roulé dans son papier d’aluminium et suprême délicatesse, saveur de la poudre chocolatée parsemée, collée, amalgamée et … délicieuse. Petit sandwich glissé chaque jour avec attention et tendresse dans mon cartable d’écolière. Je restais à l’étude du soir après 16h30. J’allais m’asseoir sur une marche et dépliais sur mes genoux le contenu du sac en tissu confectionné à cet effet et dans lequel étaient glissés le papier d’argent protecteur et sa tartine. Je déchirais en écoutant le bruit métallique mais pas jusqu’en bas pour ne pas me salir les mains, juste au-dessus de la bouchée à venir. Et petit à petit je glissais le papier jusqu’à plus rien. Et je le roulais en boule en mâchant la dernière bouchée. C’était bon ! J’avais oublié comme c’était bon. J’avais oublié comme on oublie les choses simples qui rythment l’enfance. Ces petits riens qui font des gros « tout ». Comme le fait de ramasser les feuilles mortes sur le chemin de l’école et de les éplucher jusqu’à ce qu’il ne reste que les nervures. Ou de marcher à cloche-pied sur le bord du trottoir en comptant 1, 2, 3 et plus encore. Ou de jouer à la marelle, de sauter à la corde, de choisir qui sera le chat plouf plouf, une poule en or, c’est toi qui sors au bout de trois, un deux trois… J’entends encore la mélodie, les rythmes accélérés de la corde qui tourne, tourne, tourne…et les rires, les chansons, les mains qui se tapent en scandant des chansonnettes chapeau de paille, paillasson, somnambule… J’avais oublié ma tartine de beurre. L’autre jour, l’institutrice de ma fille aînée m’a proposé d’accompagner une sortie. La première sortie de l’année, l’après-midi. Une classe de cours préparatoire, en apprentissage de lecture qui allait à la médiathèque écouter « l’heure du conte ». Sur le chemin du retour, en passant par le parc, nous avons goûté ensemble. Chacun à sorti de son petit sac, un quatre heure préparé avec plus ou moins de hâte par la tendresse d’une mère. Chocolatines, sablés, madeleines, gaufres ou barres de céréales … tout fait, tout prêt, un peu écrasé, un peu ramolli, encore emballé avec un nom de marque… J’avais fait pareil que les autres mamans, « le tout prêt, vite-fait » qui pare à toutes les urgences et que les enfants adorent. A côté de moi, une petite fille a sorti précautionneusement de son sac une tartine de beurre. Le beurre sentait bon, avait un peu fondu et la poudre de chocolat avait collé dessus… J’ai eu très envie de croquer dans cette tartine-là, à ce moment-là. Très envie de redevenir cette petite fille cachée au fond de moi et que j’avais un peu oubliée. Tout remonte à la mémoire quand celle-ci est enclenchée, jusqu’aux petits détails. La tartine devient le tablier à carreaux roses et blancs, l’institutrice, les aventures de Babar avec lesquelles j’ai appris à lire, l’école, la cour, ma ville … tout cela toujours empreint de nostalgie. Pourquoi la nostalgie colle t-elle à ma tartine de beurre ?
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